« Mon album de réussite » Les origines #3

À la fin de cette année en Petite Section, je me rends compte que j’ai réussi à concevoir l’outil dont je rêvais depuis des années et des années. Combien d’heures passées en réunions, en conseils de cycles sur le sujet ? Combien de tableaux faits ? de listes conçues ? Combien de photocopies réalisées ? Combien de temps et d’argent investis ?
Et toujours, d’équipe en équipe, le sentiment d’insatisfaction. Quelque chose ne collait pas, et aujourd’hui, je sais ce que c’était.
– Nous concevions UN outil à destination de l’enseignant et des parents.
En fait, il en fallait DEUX, à destination de l’enfant.
– Nous le remplissions en fin de période, suite à des contrôles, seuls à notre bureau.
En fait, il fallait le remplir presque au quotidien, suite à l’observation des entrainements, avec l’enfant.
Pour moi, j’ai trouvé le Graal et je dois partager cette découverte.
Seulement je sais qu’il est important de concevoir ses propres outils pour intégrer leur sens, leur fonctionnement et qu’ils conviennent à notre pratique.
D’ailleurs, c’est bien ce que répètent les inspecteurs aux équipes de leur circonscription : construisez vos propres outils.
Oui… mais… 
Si je partage UN des DEUX outils, cela soulagerait les équipes qui pourraient porter leur attention sur la construction du deuxième outil.
Si je partage le parcours sur le cycle, les collègues pourraient concevoir le cahier de progrès dans lequel recueillir les productions réussies des élèves.
Après tout, on ne demande pas aux équipes de construire leur manuel de mathématiques, leur fichier de l’élève, leur livre d’histoire… On leur demande de s’appuyer sur ces ressources pour réfléchir à leur pratique.
Je me décide donc à partager les listes de critères de réussite comme un fichier de l’élève.
Seulement, mes tableaux Excel sont mes brouillons qui ne sont pas vraiment lisibles pour des enfants. De plus, j’ai vraiment axé mon attention sur trois domaines seulement. J’ai besoin de temps pour réfléchir aux autres domaines.
Je rêve de couleurs, de plaisir à feuilleter l’outil, d’un côté ludique et pratique à la fois. J’ai besoin d’une mise en page.
J’ai besoin d’un partenaire.
J’ai besoin d’un éditeur.
Alors je propose ce projet à plusieurs maisons d’édition qui le refusent :
Ce n’est pas d’actualité (nous sommes en 2010), les écoles maternelles n’ont pas de budget pour acheter des fichiers pour l’élève, ça n’intéressera personne.

Si je n’avais pas fait ce qu’il me semblait juste de faire à chaque fois qu’on m’avait répondu non, je n’aurais rien fait. Alors, comme souvent, j’ai décidé d’agir seule dans mon coin.

Je demande à MiKL, mon ami maquettiste, graphiste, illustrateur, s’il accepte d’être partenaire dans cette aventure. Il accepte d’être payé en pourcentage sur les ventes hypothétiques.
Il me propose plusieurs maquettes dans laquelle je veux retrouver les différentes étapes, le chemin que j’appelle « la barre de téléchargement » et y ajouter du visuel. Il faut que ces étapes soient lisibles pour des enfants qui ne savent pas lire.
Des illustrations ? Des pictogrammes ? Non. Pas assez concret.
Des photos ! Prises en situation, pour de vrai ! Sans voir le visage entier des enfants pour respecter le droit à l’image et que chacun puisse s’y identifier.
Comment baliser l’avancée de l’enfant ? Avec des gommettes ? Intéressant, un peu à la manière des albums Paninis de mon enfance.
Oui, mais…. Combien de gommettes ? Comment les stocker ? Trop grosse gestion pour un seul prof !
Un coup de stabylo en plus de la date ! Cela suffira pour rendre visible ce qui a été validé.
Comment appeler cet outil ? Cahier de réussite ? Non. Le cahier de réussite est à concevoir par les équipes. Celui-ci est le fichier de l’élève. Plein de photos, comme un album…
Naît ainsi « Mon album de réussite – Mes progrès et tout ce que j’apprends en maternelle ».
Je puise dans mes économies pour payer l’impression de 2000 exemplaires que je stocke dans mon entrée, sans savoir si je vais récupérer ma mise.

Sans m’en rendre compte, avec un statut d’auto-entrepreneur, je monte une enseigne d’édition : Arbre d’Iccha signifiant Arbre à souhaits.

One Reply to “« Mon album de réussite » Les origines #3”

  1. Pascal dit :

    Un formidable outil ! Merci pour cette création très inspirante !

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